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Tout renaît. Le sofeil, sur les pentes voisines,
Jette l’éclat brûlant de.ses flèches divines,
Et de Castellamar fait fumer le » rochers.
A travers les vapeurs, qui drapent ses clochers,
La Torre del Greco luit comme une pagode :
De ces gazes d’argent, où l’arc-en-ciel se brode,
L’eau mouil’e la lisière, et suspend, en tremblant,
Comme une frange verte au pied d’un rideau blanc.
La vague enfin, perdant ses derniers plis debène,
Comme un bélier de feu bat le cap de Misène.
Quel peintre éblouissant, que le jour ! ses pinceaux.
Semblent, à chaque coup, débrouiller un chaos ;
Mais que votre œil soit lent à voir ce qui l’invite !
Ce n’est pas admirer, que d’admirer trop vite.

VIII.
Abaissez vos regards ! le front vert et fleuri,
Cet écueil est le cap où Misène a péri.’
La tombe a disparu ; mais son nom, moins fragile,
Demeure : c’est un legs, assuré par Virgile.
La lame, qui s’y glisse entre les mousserons,
Semble encor du Troyen défier les clairons ;
Dans tous les plis du sol l’Énéide respire.
Gravant dans les échos les accents de sa lyre,
Le poète magique a, sur ces nobles bords,
Comme un reflet du ciel, imprimé ses accords :