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SUPPLIQUE.

Mécontente du sort, quel que soit son sentier,
Notre existence en deuil se passe à supplier,
Et, traînant nos genoux dans les mêmes ornières,
La mort, quand elle vient, nous rencontre en prières.
Moi, je supplie aussi : mais, hélas ! qui m’entend ?
Peut-être, Maria, viendra-t-il un instant,
Où je pourrai mourir, comme je voudrais vivre :
Mais quelarouteest longue, etqu’elleest rudeàsuivre !
Toi qui pourrais, d’un mot, en dissiper la nuit,
Tends-moi de loin la main, qui m’a souvent conduit.
D’un fantôme de toi laisse au moins l’apparence,
Entr’ouvrir le nuage, où dort mon espérance.
De mon ciel fugitif impérissable dieu,
Assourdis-moi l’écho de ton dernier adieu :
Et, vers son but obscur éclairant mon voyage,
Fais marcher en avant ta lumineuse image.
Dans mes douteux chemins, refuge de ma foi,
Pour ranimer ma force, entoure-la de toi :