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Comme dans ces miroirs, où l’art de la magie,
De nos foyers éteints, rallumait l’effigie,
Et qui, des yeux confus dissipant les brouillards,
Dans l’univers d’un rêve entraînaient nos regards,
Faites flotter, pour moi, dans les sons du langage.
De cette époque absente une visible image.
Mon amour inquiet, qui veut tout adorer,
De toute sa maîtresse aspire à s’entourer.
Pèlerin du passé, je veux qu’il m’appartienne,
Et que mon Ame encore y retrouve la tienne :
On a si peu de temps à s’aimer ici-bas,
Qu’on cherche à l’ai longer du temps qu’on n’aimait pas.
Ne me déguisez rien : car qui se cache éclaire.
Vous, dont les défauts même ont le talent de plaire…
On a dû vous le dire, avez-vous écouté ?
Si jeune, Maria, quelle fatalité,
Sans pouvoir de vos traits altérer l’élégance,
Attriste de pâleur leur muette éloquence ?
Quel souffle injurieux, se trompant de saisons,
Sans offenser leur tige a courbé vos moissons ?
Vous ne connaissez pas ces perfides supplices,
Qui sillonnent nos fronts de sourdes cicatrices :
Mais d’où vient, dites-moi, ce voile de langueur,
Qui nous semble accuser la fatigue du cœur ?