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Que je la recommence aux pieds du même amour,
Et, qu’en vous consacrant mon passé jour à jour,
Je n’aurai pas ainsi marché, quoiqu’il advienne,
Sans voir trembler votre ombre à côté de la mienne
Autrefois, Maria, quand l’airain pastoral
Tintait du couvre-feu l’orémus féodal,
C’était une heure amie, où, dans l’ombre embrassées,
Les âmes, qui s’aimaient, échangeaient leurs pensées :
Et les accords flottants des antiennes du soir,
Dans ses balancements, imitaient leur espoir.
Oh ! parle-moi de toi, comme autrefois, sans crainte,
Tu m’en aurais parlé dans ta chaumière éteinte !
Comme cessons tremblants, que traduisent mes vers,
Élève, sous mes pas, un magique univers.
Ta voix est plus puissante, et plus sainte peut-être :
Ils rappellent des fleurs, et toi, tu les fais naître.
Je prévois les faveurs, qu’ils peuvent ramener :
Ils ne peuvent que rendre, et toi, tu peux donner.
Ils endorment nos maux, et toi, tu les désarmes :
Parle-moi’: tes aveux effacent tant de larmes !
A chaque mot de toi, je renais d’un printemps :
Fût-ce pour dire adieu, parle-moi bien long-temps.