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Non, je ne veux plus croire à de prochains revers,
Et toujours le même astre éclairera mes vers.
Si ma frayeur jalouse a blessé ta tendresse,
Pardonne-moi, mon ange, un accent de tristesse,
Et l’effroi d’un amour, qu’un soupçon fait trembler.
Pour me rouvrir les cieux, tu n’as qu’à me parler :
Je dirai comme toi, pour y trouver ma place.
Oui, je crois, Maria, que le malheur se lasse :
Je crois que je vivrai : je crois que nos chemins
Se marîront un jour, comme aujourd’hui nos mains.
Pour m’aider à marcher, cache-moi sous tes-ailes :
Comme un souffle échappé des sphères immortelles.
Mêle au deuil de ma lyre un baiser de ta voix :
Que je chante, en riant, pour la première fois !
L’avenir est fleuri, l’avenir a des fêtes :
L’avenir, si tu veux, n’aura pas de tempêtes :
L’avenir c’est demain, Maria, c’est l’été.
Au signe des —Gémeaux le soleil arrêté,
De ses feux paternels échauffe nos collines :
Et qui sait si l’hiver doit les rendre orphelines !
O ma barque ! glissez sans compter les instants,
Peut-être que l’été durera bien long-temps.

O mon ange ! restons sur ce fleuve propice.
D’un rêve de bonheur oflicieux complice.