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Bizarre composé de tout ce qui l’entoure,
Il n’est point de penchant que l’homme ne parcoure
Quelque chemin qu’il prenne, il rencontre partout
Quelque chose d’humain, qui l’unit avec tout :
Au plus fragile objet notre histoire se lie :
Chaque image qui passe est un mot de la vie.
Mais parmi ces tableaux devons-nous n’admirer,
iNe lire obstinément que ceux qui font pleurer ?
Notre sphère peut-être est un séjour d’épreuve :
Mais pourquoi de l’espoir vouloir la rendre veuve,
Et mécontent du jour, sans l’avoir essayé,
Vers celui qui l’a fait reculer effrayé ?
Que savons-nous du jour, du Dieu qui le dispense
Des faveurs qu’il destine à ceux qu’il récompense
De la félicité qui doit nous rajeunir !
Le paradis peut-être est de se souvenir.
Eh ! quel sera pour moi ce bonheur qui m’altère,
Si je n’emporte au ciel que l’ennui de la terre ?
Quand nous aurons franchi nos limoneux confins,
L’être inconnu, sa voix, celle des séraphins,
Ces hymnes pressentis, que notre langue implore,
Pour donner une forme aux secrets qu’on adore ;  :
Ce respect de l’a mou r qu’on ne peut exprimer,
Qui fléchit nos genoux faibles de trop aimer :
Tout, de nos sens nouveaux exerçant la finesse,
Pourra de la mémoire émousser la tristesse.
Mais que le ciel bientôt nous paraîtra désert,
Si de ce globe étroit, où nous aurons souffert,