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INSANIA.

Grâce ! ne souris plus, déguise ta parole,
Et sur ton front rêveur jette un masque frivole :
La fièvre de l’espoir égare ma raison.
Je ne sais, près de toi, quel philtre, quel poison,
D’une ardente langueur semble imprégner mon âme :
J’ai froid : je me débats, tout transi, dans la flamme.
J’ai besoin de te voir, besoin de te quitter,
Et, sans vouloir te fuir, je voudrais t’éviter.
Comme un réseau souffrant, où l’amour m’emprisonne,
Ta mémoire me suit, ta beauté m’environne :
J’entraîne, en te fuyant, tes regards après moi,
Et je meurs de ton ombre, en m’éloignant de toi.
Invente une parure, où tu sembles moins belle :
Que je puisse, domptant une image rebelle,
Que je puisse du moins, m’exilant de ta cour,
Du bonheur de t’aimer me reposer un jour !