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AVEUX, CAUSERIES,

DIVAGATIONS.

Va, ce n’est pas toujours un présent du Seigneur,
Que le pouvoir brûlant d’exprimer son bonheur,
Que celui de soumettre, aux larmes de la lyre,
Le malheur qui dévore, ou l’ennui qui soupire !
On perd de son bonheur à vouloir le chanter :
Et peindre son chagrin, c’est toujours l’augmenter.
Puis, vous ne savez pas ce que c’est qu’un poète :
Il souffre en pleine joie, et son âme inquiète
Semble, pour s’y briser, aux aguets d’un écueil.
Toujours, dans nos plaisirs, côtoyant le cercueil,
Un tourment maladif, que l’on ne peut décrire,
Se serre autour du cœur, qu’il froisse et qu’il déchire.
On voudrait teut aimer, tout éprouver, tout voir,
Deviner ce qu’un jour on pleure de savoir :
Ce besoin de sentir qu’irrite encor l’étude,
Souvent comme un tyran trouble la solitude :