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INEZ DE CASTRO.

Ne nous accusez pas, Maria, d’inconstance :
L’amour, qui nous flétrit, charme votre existence.
C’est vous, sexe frivole, et fier de dominer,
Qui, sur chacun des fronts docile à s’incliner,
Promenez de vos choix l’errante préférence :
C’est vous qui, trop souvent, par votre indifférence,
Avez réduit nos vœux à paraître flottants ;
Les femmes n’aiment rien, ou n’aiment pas long temps.
L’élégance chez vous sert de voile aux parjures,
Et chacun de vos goûts ressemble à vos parures.
Nous, lorsque nous aimons, nous ne voyons que vous :
Nous ne croyons à Dieu qu’en baisant vos genoux :
Grâces, talents, vertus, tout, jusqu’au ciel lui-même,
N’est qu’un pâle reflet de la femme qu’on aime.
Vous, votre orgueil calcule, en comptant nos présents,
Ce qu’il gagne d’hommage, ou ce qu’il perd d’encens.
Promptes à nous frapper, de peur qu’on ne vous blesse.
Vous mettez votre force à changer de faiblesse.