Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/298

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il ne s’agit pas d’eux : il s’agit de ce roi,
Qui, né de sa fortune, ct lui faisant la loi,
Voulut, contre le ciel, faire un jour sa partie,
Et perdit sa couronne avec sa dynastie.
Que fait-il ce géant, qui, dans ses larges mains,
Prit pour un jeu d’échecs la terre et les humains,
Et, dépensant toujours sa force en hardiesses,
Ne put, sans les briser, faire marcher ses pièces ?
Que fait-il ? souriez, ou pleurez : ses malheurs
Méritent un sourire, aussi bien que des pleurs.

VI.
Vous croyez que cet homme, échappant à votre aune,
Se dresse, à chaque affront, de la hauteur d’un trône,
Ou coule ses revers en un bronze immortel,
Que les siècles, un jour, prendront pour un autel !
Vous vous imaginez, que, juge de sa chaîne,
Il habite l’histoire, et non pas Sainte-Hélène :
Et que, de cet empire, où l’on n’abdique pas,
Il écoute en pitié le bruit qu’ont fait ses pas !
Peut-être… — souriez ! ce prince redoutable
Gémit d’un mets commun, que l’on sert à sa table,
Se plaint qu’un guichetier, qu’il change en assassin,
Lui mesure sa soif, spécule sur sa faim,
Et, d’un œil venimeux empoisonnant sa soupe,
Tourne encore, au dessert, le café dans sa coupe.