Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/291

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mon âme, traversant je ne sais quel sommeil,
Allait éclore et vivre à son nouveau soleil,
Et sentait dans son vol l’air de la délivrance
Développer en fleurs ses bourgeons d’espérance.
Comme un cap orageux doublant l’éternité,
Elle aspirait de loin l’amour, la liberté ;
Quelque chose pourtant gênait encor son aile.
Tout en montant, le but reculait devant elle,
Et son vol, si long-temps par la terre arrêté,
Tremblait dans l’horizon de l’immortalité.

Ma soif, en la cherchant, redoutait la lumière.
Charriais-je après moi des restes de poussière,
Qui de mes sens nouveaux contrariaient le jeu ?
Mon âme, en retournant à sa source de feu,
Traînait-elle un limon de terrestre pensée,
Qui rappelait en bas sa course embarrassée ?
Peut-être ; car qui sait, si les plus grands tombeaux
Ne sont pas trop petits, pour contenir nos maux !
Et voyant l’infini, sans savoir où m’y prendre,
N’osant plus m’élever, et craignant de descendre,
Prisonnier de l’espace et de ma liberté,
Atome sans rapport avec l’immensité,
Astre paralysé d’un ciel indélébile,
Entre la terre et Dieu je restais immobile.

De ce voyage alors interrompant le cours,
Comme un joug moins pesant je regagnais mes jours :