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LE PLONGEUR.

Plus un gouffre est profond, un pic inaccessible,
Mus il semble, imprégné d’un charme irrésistible,
Stimuler des humains l’ambitieux regard.
Emmaillotté qu’il est dans la nuit du hasard,
L’homme se pousse au jour, et veut faire le libre.
Il s’en va des soleils ordonner l’équilibre :
Il descend sous la terre usurper ses métaux :
Sous l’Océan qui gronde enfonçant ses travaux,
Il va lui disputer son humide richesse :
Ici, plus haut, partout, transportant sa faiblesse,
De sa vaste impuissance il sillonne les cieux.
Sur lui-même à la fin il reporte les yeux,
Et, du monde visible assignant les barrières,
Va du monde moral méditer les frontières,
Peut-être, et je l’ignore, a-t-il su discerner
Quelques points de l’énigme, où noussemblons tourner ;
Mais qu’importe au bonheur un si vide problème !
Qu’il plonge dans le ciel, sous la terre, on lui même,