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Sous l’azur de mon ciel l’autan ne grondait pas,
Et l’Éden retrouvé fleurissait sous mes pas.
Les eaux étaient d’argent, et la pâle rosée,
Sur l’émail des gazons par la nuit déposée,
Peuplait de diamants mes vallons écossais.
Du vieux barde Ossian partageant les succès,
Je vivais dans ses vers : j’étais celui qu’il chante ;
J’aimais tout ! A présent, il n’est rien qui m’enchante.
Je ne me souviens plus comment, dans mon repos,
De Fingal ou d’Oscar j’évoquais les drapeaux.
A qui redemander, maintenant, cette lyre,
Dont l’âge a détendu l’héroïque délire ?
Et cette jeune fille, au teint blanc, à l’œil noir,
Qui venait près de moi répondre au chant du soir,
Qui souvent, à mes pas empreints sur la poussière,
S’aperçut que, la nuit, je gardais sa chaumière :
Et qui, souvent tremblante à mes moindres aveux,
Me voilait sa rougeur avec ses longs cheveux :
A-t-elle disparu comme une ombre légère ?
Au pays des humains était-elle étrangère,
Et comme le bonheur, faible enfant du sommeil,
S’est-elle évaporée aux rayons du soleil ?
De ses yeux si naïfs plût au ciel que la grâce
Eût été, pour les miens, comme un éclair qui passe,
Et que sa voix d’enfant, que mon âme guettait,
N’eût été qu’un écho qui soupire et se tait !
Plût au ciel ! et mon cœur, aveuglé de tristesse,
N’eût pas, pour l’obtenir, envié la richesse,