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« Évcilledoncmamère ! — Oui, mon fils, toutà l’heure. »
Et, courbé sur son corps, le soldat tombe et pleure.

Il se relève enfin, tout pâle, et l’œil hagard,
Fixant sur le cadavre un stupide regard.
Le guerrier, qui déjà se croit seul sur la terre,
Arrache du fourreau son sanglant cimeterre :
La mort est un hymen, la vie un abandon
Et son fils à genoux lui demande pardon :
Il craint d’avoir mal fait, et promet d’être sage.
Ces petits mots d’enfants lui rendent du courage,
Et, rejetant la mort : « Viens, mon fils, lui dit-il :
» Tu m’apprends mon devoir, en craignant un péril.
» Ta mère en toi respire, et ton front lui ressemble :
» Viens ! quand tu seras grand, nous pieu rerons ensemble.
» Puisque j’ai des enfants, je dois encor souffrir :
» Sans vous avoir vus vivre, il ne faut pas mourir.
» Et, cachant sa douleur dans son âme muette,
IL emmène, à pas lents, sa famille incomplète.
Paris, 1819.