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Et tombe. « O mes enfants, vous n’avez plus de mère !
» Pour qu’on m’arracheà lui, qu’a donc fait votre père ?
» A sa victoire, o Dieu, quel prix vous réserviez ! »
Et rapprochant son fils, qui tremblait à ses piés :
« O mon cœur, reste encor : ne cesse pas de battre !
» Attends que mon époux ait cessé de combattre.
» Une minute encor ! je me résignerai.
» Attends que, vers ces lieux par mes cris attiré,
» Il puisse, avant la mort, qui va venir me prendre,
» Surveiller ces enfants, que je ne peux défendre ! »
Puis, songeant à sa fille, à ses jeunes douleurs,
Avec sa main sanglante elle essuya ses pleurs.

Le guerrier cependant, retiré du carnage,
Va sous son pavillon reposer son courage.
Personne, à pas pressés, ne vient le recevoir,
Et ne vient, soulevant son casque pour le voir,
S’assurer, s’informer de lui par des caresses.
Personne, l’entourant de pieuses tendresses,
iVest là, pour détacher ses éperons poudreux,
Délacer son armure, et d’un vin savoureux
Offrir à sa fatigue une coupe attentive.
Il sort, et du combat la plaine encor plaintive
Revoit, mais sans terreur, son front sous le harnois.
De mille noms connus il frappe au loin les bois :
Tout se tait… La nuit vient, et sa frayeur redouble :
De sa marche inquiète il promène le trouble :