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L’ÉNIGME.

Énigme du destin, que vous êtes profonde !
Il est écrit pourtant, sur le fronton du monde,
Ici, plus haut, partout, votre mot qu’on poursuit !
L’orgueil le paraphrase et ne l’a pas traduit.
Le plus sage interprète y substitue un rêve.
Alexandre, en passant, l’épèle avec son glaive :
Le puissant Archimède y porte son compas :
Aristote, un flambeau qui ne l’éclaire pas :
Socrate, sa vertu : Pythagore, ses nombres :
Et l’éternel secret reste entier dans ses ombres.
Que d’autres parmi nous » soit Descarte ou Milton,
Lcibnitz ou Spinosa, Bonaparte ou Newton,
Ont repris, au calcul, à la lyre, à l’épée, ,
Cette insoluble nuit d’une énigme escarpée !
On n’a pas d’une ligne entr’ouvert ses rideaux :
Et l’implacable sphinx, le pied sur nos travaux,
Nous tend toujours, narguant notre infirme sagesse,
Son problème, qu’on brouille en l’expliquant sans cesse.