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On vit avec horreur s’affaisser sur les dalles,
Un je ne sais quel tas de fanges sépulcrales,
Un amas de lambeaux qui n’avaient rien d’humain ;
Et, muet d’épouvante, au lieu de cette main
Que le ciel lui reprend, dont la perte le navre,
Hivor qui ne tenait qu’un morceau de cadavre.
Que vous dire de lui ? Ce hideux souvenir,
A ses pas de vingt ans, ferma tout avenir :
Et, fiancé d’un spectre, il vécut comme une ombre ;
Pas long-temps. Le chagrin, opiniâtre et sombre,
Poursuivit peu de jours ce jeune infortuné,
Qui s’était, une fois, du Seigneur détourné ;
Et ce fut le dernier qui de l’eau mortuaire
Entendit les accords lui tisser un suaire.

ÉPILOGUE.
Près des foyers conteurs, comme les peint Rembrandt,
Les savants du village, ou quelque grand parent,
Disaient ainsi, l’hiver, ces histoires frileuses.
Quand l’horloge sonnait le repos des flieuses,
L’aïeule agenouillée au pied de son rideau,
Pour tout le monde alors récitait le Credo,
Et, redoutant l’enfer, le pieux auditoire
Espérait se tirer même du purgatoire.
Ces temps sont loin de nous : le nôtre, plus instruit,
A tout analysé, peut-être tout détruit.