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Mais eux ! tant de bonheur ne suivait point leurs pas,
Et le reproche aigri, qui ne corrige pas,
Et des débats jaloux l’incisive amertume,
Troublaient la nuit qui dort sous ses voiles de brume.

BÉATRIX.
Tu me crois inconstante, en voyant ma gaîté ! Douter de mon amour, c’est de l’impiété. M’offensez-vous ainsi, pour que je vous pardonne ?
SAVELLA.
Ma crainte, Béatrix, mon doute vous étonne ;
Mais jeune, l’avenir est un secret pour vous.

BÉATRIX.
Avez-vous deviné que vous seriez jaloux ?
SAVELLA.
C’estque, danstafroideur, tu ne peux me comprendre :
Sous mes lèvres de feu, ton sein bat, sans m’entendre ;
Tu m’aimes d’être aimée, hélas ! et je sens bien,
Je sens que ton amour n’est qu’un reflet du mien.

BÉATRIX.
Au moins, vous l’avoûrez, le miroir est fidèle !
SAVELLA.
La voilà ta gaité, cette gaîté cruelle,
Uue la peur d’un reproche amène à ton secours,