Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/225

Cette page n’a pas encore été corrigée

Où sont, reine éphémère, et ta cour nonchalante,
Et tes adorateurs, dont la robe indolente
Balayait à plis d’or le pavé des saints lieux,
Quand ce temple oublié, que dédaignent les cieux,
Fumant de tous les dons que prodigue l’Asie,
Voulait par ses parfums détrôner l’ambroisie ?
La lèpre de la mousse attaque tes frontons :
Sur tes piliers fendus l’herbe court en festons,
Et, des marbres blessés infectant les ruines,
De longs serpents visqueux nichent dans les épines.
Les siècles ont vidé ces sépulcres pieux,
Où les morts se cachaient à l’ombre de leurs dieux ;
La poussière de l’homme a fui ces mausolées,
Et l’œil n’aperçoit plus dans ces ternes vallées,
Qu’un chaos de cercueils dépecés par l’oubli :
Ce sont les ossements d’un monde démoli.

Quand la faulx des combats a couché dans la plaine
Ces épis belliqueux, dont se nourrit la haine,
Les corbeaux derrière elle accourent de l’enfer,
Dans le sang des sillons glaner un peu de chair.
Que cherchent-ils ici sur ce champ de batailles,
Où le temps obstiné lutte avec des murailles ?
Sur le temple croulant du vaste dieu des mers,
Les voyez-vous de loin se reposer des airs ?
Chargés par le destin de sinistres messages,
Viennent-ils contempler l’effet de leurs présages ?