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Et dans nos cœurs fanes, qu’il change, en y passant,
Ln rayon de son ciel pénètre avec son sang.
Sans doute qu’il entend, puisqu’on dit qu’il console.
Oh ! oui, loin des humains, que guérit sa parole,
Il se souvient des maux qu’il souffrit avec eux :
C’est déjà le prier que d’être malheureux :
Et l’homme sans amis, qui n’a pas de demeure,
De son Dieu qui pleura, s’approche, quand il pleure.

VIII.
Protectrice sans fin, si la voix du Seigneur
S’adresse moins souvent, et plus has, au bonheur,
C’est que le mal, hélas ! dans cette vie avare,
Se montre aussi fréquent que la fortune est rare,
Qu’on a plutôt besoin d’être plaint qu’envié,
Et qu’un culte nouveau, fondé sur la pitié,
Est sûr d’entendre un cri, que rien ne lui dérobe,
Monter, comme un encens, de tous les coins du globe.
Puis l’homme, qui s endort dans la félicité,
Ne grandit qu’au creuset de la calamité :
Le génie et l’amour y retrempent leurs armes ;
On n’apprend la bonté qu’à l’école des larmes.
Le malheur est, pour nous, la marche d’un autel,
La croix qui nous élève au seuil de l’Éternel,
Le Golgotha mystique, où, regagnant son trône,
L’àmc se transfigure, et va chercher sa zone.