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LA CROIX.


I.


Quand notre âme se creuse en sources de poison,
Quand nos yeux, desséchés par leur exhalaison,
Se ferment, malgré nous, aux plaisirs de la terre,
On dirait que, cherchant un monde plus austère,
Ils vont baigner leur soif aux profondeurs des cieux.
Ce mouvement d’amour, qu’on exprime des yeux,
Est-il quelque climat, où l’homme ne l’éprouve !
Puisqu’on souffre partout, partout on le retrouve,
Partout ; mais les chrétiens, à ce muet appel,
Éveillent seuls peut-être un écho dans le ciel :
Et le Dieu généreux, dont on veut les distraire,
Pour consoler ses fils leur répond comme un frère.


II.


Ce Dieu, que le malheur compte pour allié,
Jamais à son autel je ne l’ai supplié :