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XIX.
Les soldats, qu’Alexandre enchaînait à son sort,
Se levèrent en rois aussitôt qu’il fut mort,
Et, partageant entre eux son immense couronne,
Avec un bout du sien se bâtirent un trône ;
Même chose se vit au monde du savoir,
Quand le bras d’Aristote eut lâché le pouvoir.
Comme les généraux de son terrible élève,
Vingt sectes, brandissant la parole pour glaive,
Vinrent dans son linceul se tailler un drapeau.
On vit, sur tous les points de ce vaste tombeau,
Se joindre, se heurter, se croiser les sophismes,
Et l’esprit de dispute, armé de syllogismes,
Cherchant des arguments plus que la vérité,
Sur le trône de Dieu placer l’obscurité.

XX.
C’était peu d’être obscure, en devenant futile,
La science bientôt devait se montrer vile.
Elle se tait d’abord, ne pouvant plus penser :
Puis, lasse de se taire, on la voit s’abaisser.
Athènc, en vieillissant, prend les vices de l’âge :
Et la corruption, mère de l’esclavage,