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Elle est morte, et déjà n’est plus qu’un souvenir,
Un souvenir, au moins, qui ne doit pas finir.

Non, rien n’affaiblira sa mémoire céleste :
Ma mère m’a quitté, mais son ombre me reste ;
Elle surnage encore au-dessus du tombeau.
Mon cœur est, pour son nom, comme un dernier écho :
Qu’il batte encor long-temps, pour qu’elle vive encore !
Cette vie attendue, et pourtant qu’on ignore,
Qui brille pour l’esprit, quand les yeux sont fermés,
N’est-ce pas de léguer, à des êtres aimés,
Quelques rêves de nous, qui soient lents à s’éteindre ?
Pour moi, c’est là le ciel que je voudrais atteindre.
Avec ceux qu’on chérit il est doux d’expirer ;
Mais lorsque le trépas a cru noos séparer,
L’amour est de survivre aux amis que l’on pleure,
De leur garder en nous leur dernière demeure.
Ah ! reste en moi, ma mère, en moi que tu bénis :
Nous sommes séparés, et non pas désunis.
Dans la nuit de mes jours sois ma sainte lumière :
Pour vivre encor ton fils, je veux vivre en arrière.

Passy. Septembre 1822.

FIN DU PREMIER LIVRE.