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Un froid de glace, errant sur la moitié du corps,
Des membres engourdis épaissit les ressorts.
Par un lien brisé retenue à la terre,
Elle n’est plus pour nous qu’un douloureux mystère,
Le portrait animé d’une femme qui dort ;
Elle n’existe pas : elle vit dans la mort.
Son jugement s’efface, et surpris sans défense,
Son esprit qui vacille expire dans l’enfance :
Et quand son sang figé se distille en poison,
Ses cris ne trouvent pas d’écho dans sa raison.
L’âme n’a plus d’asile, où notre œil la contemple ;
Le dieu s’est exilé des ruines du temple.
Les clartés de son cœur se voilent, et pourtant
Ce flambeau, qui s’éteint, luit encor par instant.
D’un reste de pensée affaiblissant l’image,
Elle mêle, en parlant, tous les fils du langage ;
Mais s’agit-il d’amour et de maternité,
Elle brise les fers de son infirmité,
Et, sortant des brouillards où sa mémoire hésite,
Pour chérir ses enfants la mère ressuscite.
Le jour même où le Ciel, vainement imploré,
Vint saper les débris de ce corps délabré,
Était mon jour natal, jadis tant aimé d’elle :
Et pour le célébrer sa force fut fidèle.
On la vit de ma fête ordonner les apprêts,
Redemander, vingt fois, l’heure où je reviendrais,