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LE DUEL D’HARMONIE.


Le soleil par la brume était déjà voilé :
Le platane déjà, le saule échevelé,
Allongeaient sur les eaux une ombre plus obscure.
Sous les lois du sommeil ramenant la nature,
Le silence régnait à la place du jour,
Et sous les bois, ravis de son muet amour,
La lune, promenant ses rêves de lumières,
Moirait de baisers d’or le gazon des clairières :
Par les philtres du soir doucement attiré,
De l’antique Linus un disciple inspiré
Vint, sous les peupliers, qui bordaient sa demeure,
Aux accents de son luth bercer le vol de l’heure.
Vague comme un espoir, le son pur et léger
Semblait moins, sur la lyre, errer que voltiger,
Et jetait vers le ciel, docile à son génie,
D’un nuage d’accords la fluide harmonie.
Un rossignol veillait dans son nid balancé ;
Aux premiers traits du luth il s’en est élancé :