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RÊVERIE DANS LES ROIS.


Oh ! laissez, laissez-moi, perdu dans les forêts,
Voir rouler sur mon front la mer de leurs sommets
Ou sentir, en glissant sur l’herbe des clairières,
Mon sang se parfumer de l’odeur des bruyères.
Tout trempé de verdure, il semble que le jour,
Des brouillards du passé dissipe le retour,
Et mêle à ses rayons, dont le chagrin s’offense,
Des visions d’amour, belles comme l’enfance.
D’un concert ravissant écho silencieux,
Mon âme, à chaque pas, murmure un chant des eieux
Et, par ce chant secret mollement caressée,
Les anges du Seigneur volent dans ma pensée.
J’entends sous les gazons babiller les muguets,
Et près des boutons d’or fredonner les bleuets :
Un rêve de bonheur sourit dans l’aubépine,
Et chaque papillon en est un qu’on devine.