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Incurable passé, que tu tiens d’agonie !
La pitié qu’elle inspire est presque de l’effroi.
Lui seul se regardait, comme absent de la terre.
Il devait en sortir, sans un faste emprunté,
En homme, qui sentait qu’il avait tout dompté,
Tout, jusques à l’orgueil d’un trépas volontaire.
Au théâtre du monde il n’était plus acteur ;
Mais du fond de son île, imposant spectateur,
Son œil, en l’observant, gouvernait le spectacle.
Sous le ciel du tropique écroué par le Nord,
L’Europe en sentinelle avait peur d’un miracle,
Et par représentants assistait à sa mort.

Dédaignant la mollesse, au lit des rois fidèle,
Et comme ses pareils s’honorantde souffrir,
Sur sa couche de guerre il monte pour mourir.
H se meurt !… On entend, comme un adieu pour elle
A travers ses soupirs, le nom de France errer.
Pour son dernier combat on vient de le parer :
Son manteau d’artilleur est son drap mortuaire :
La poussière d’Arcole y luit comme autrefois.
Il meurt : et le soldat, sous ce noble suaire,
Est comme enveloppé de ses premiers exploits.

Sombre abîme du sort, où l’œil ne peut descendre
Celui qui si long-temps laissa, sur les humains,