Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/122

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’océan refusa d’ètre son tributaire !
Il l’assiégeait partout, il dépeuplait ses bords,
Et bientôt, de l’Asie envahissant les ports,
Il eût fermé le monde aux fers de l’Angleterre :
Et le voilà, ce prince ! Au sommet d’un rocher,
Les fers, qu’il voulait rompre, ont été l’attacher !
Vaincu par les frimas, le soleil le dévore.
Mais qu’importe le feu, chargé de le punir !
S’il use de ses jours la trame jeune encore,
Peut-il ronger l’airain, que lui doit l’avenir ?

Vous, dont les cris jaloux sont encor des hommages,
Des colonnes du Louvre au fronton du Kremlin,
Des murs du Capitole aux remparts de Berlin,
Allez, à pas tremblants, balayer ses images :
Ces Alpes de héros vont d’ici jusqu’au Nil.
Contre son souvenir croisez-vous sans péril.
Assis, comme le temps, au front des pyramides,
Cet astre belliqueux ne pourra s’éclipser,
Et les siècles futurs, satellites timides,
L’entoureront d’éclat, au lieu de l’effacer.

Quand un trône est à bas, quelle absurde sentence
Condamne le monarque à suivre ses débris !
S’il résiste au malheur, la honte en est le prix :
Et vivre est un aveu qu’on tient à l’existence !