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« Je puis, si je le veux, te frustrer de ma mort.
« Mais ne crains rien de moi, je subirai mon sort ;
« Sans doute il fera naître un effroi salutaire,
« Et peut-être un plaisir… Tant mieux ! » Et sur la terre
Il jette son poignard. Un long étonnement
Dans la foule interdite éteint le mouvement ;
Mais lui, presque à genoux : « Ô ma belle maîtresse !
« Seule et dernière amour de ma triste jeunesse,
« Ô que par ta présence un mal est adouci !
« Je t’aime, et pour tes pleurs mon cœur te dit merci ;
« Car moi, ma Julia, je n’en sais pas répandre.
« Dans des lieux inconnus tu placeras ma cendre,
« Sans y graver mon nom, sans y semer de fleurs,
« Sans y planter la croix, emblème des douleurs ;
« D’un tombeau consacré ma dépouille est indigne ;
« Je ne mérite point cette faveur insigne.
« Adieu, car on m’attend ; et, lui dit-il plus bas,
« Survis-moi, si tu peux, je ne l’exige pas. »