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Sur le lieu du supplice il s’avance, et soudain,
Pour demander silence il élève la main.
En ce temps, quand la mort punissait un coupable,
La loi lui permettait, de vengeance incapable,
D’adresser aux vivans son discours de départ.
Ce n’est point à dessein d’un moment de retard
Qu’à ce discours d’adieu le criminel s’apprête,
Son âme en a besoin, et le bourreau s’arrête.
Il écarte son voile : oh, qu’on est consterné
Au visage imprévu du jeune condamné !
Jamais rien de plus beau n’habita sur la terre ;
Son visage, où jadis étincelait la guerre,
D’un sentiment pénible avait l’air occupé,
Et son front criminel, de honte enveloppé,
Laissait par intervalle entrevoir sa noblesse.
Ses regards, par degrés, s’ombrageaient de faiblesse,
Semblables au soleil dont la flamme s’endort,
Et qui n’échauffe plus ceux qu’il éclaire encor.
Il était toujours fier ; on voyait que le crime
N’avait pas dégradé cette jeune victime ;