Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 23 —

Et tombe fatigué de ne pouvoir mourir.
Avant que Julia ne vînt le secourir,
Tel fut Edgar. La veille, une horrible tempête
Avait roulé long-temps au-dessus de sa tête,
Et la foudre, à travers les étroits soupiraux,
Avait distrait la nuit de ces sombres caveaux :
Lui, soulevant ses bras chargés de lourdes chaînes,
Appelait le tonnerre au secours de ses peines :
Le tonnerre passa, sans daigner le frapper.
« Enfin, s’écria-t-il, je n’y puis échapper !
« J’irai, sous les regards de viles créatures,
« Histrion de la mort, étaler mes tortures !
« Le fer et le poison, tout a fui de ma main ;
« Pas un ami qui veuille être mon assassin ! »
Il le tient ce poignard, qu’appelait sa souffrance,
Il y semble attacher sa dernière espérance ;
Mais sous ses vêtements il le cache avec soin,
Et paraît le garder pour un plus grand besoin ;
Il n’en fait point usage, et sa jeune maîtresse
N’ose à le conseiller hasarder sa tendresse.