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Et n’ayant que seize ans, elle crut au bonheur ;
Mais l’homme à la constance attache un déshonneur,
Il faut toujours qu’il trompe : et cet arbre infidèle
Qui revêt tous les ans une écorce nouvelle,
Portait encor les noms de Lucie et Walter,
Que Lucie était seule, et pleurait dans Leinster.
Comme on voit l’hyacinthe, ou l’iris au bleu tendre,
Livrés, dès leur naissance, aux vents qui font mourir,
S’effeuiller sur le sol qui ne peut les nourrir,
Sans avoir le parfum qu’on devait en attendre :
On voyait de la vierge expirer la beauté,
Sa bouche du sourire oublier la gaîté,
Et les fleurs du printemps pâlir sur son visage,
Qui de l’automne encor ne craignait pas l’outrage.
La vierge n’allait plus, dans de joyeux ébats,
Cueillir à la forêt la fraise et l’églantine,
Ou surprendre en son nid, la fauvette mutine,
Dont le bec maternel croit livrer des combats ;
Et l’oiseau fugitif des bois de Canarie,
Au bord de sa prison languissant ignoré,