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Le luth n’est pas vaincu, mais il est égalé,
C’est presqu’une défaite ; et de ce chantre ailé
L’instrument veut tenter les dernières ressources.
Le ménestrel ému puise à toutes les sources,
Chaque corde à son tour tressaille sous ses doigts ;
Il mêle avec malice, et démêle à la fois
Tous les tons gradués d’une pure harmonie ;
En changeant de motif il change de génie,
Et l’oiseau, déjà las d’un combat inégal,
Se sent impatient des succès d’un rival.
Par la nature instruit dans un art qu’il ignore,
Il enfle de sa voix la richesse sonore ;
En cadence légère il la roule, et soudain,
Il la laisse mourir comme un écho lointain.
L’eau qui bondit et court, le feuillage qui tremble,
Sous son bec imités, se retracent ensemble ;
Et le jeune trouverre éperdu, mais charmé,
Laisse à ses pieds tomber le luth inanimé.
Mais le petit oiseau, trop sensible à la gloire,
N’ira pas dans les bois raconter sa victoire