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Comment pourrait l’amour amener tant d’ennui !
Et cependant ma sœur ne parlait pas de lui…
Le soir, sous des cyprès, je l’ai souvent surprise,
Et là, croisant les bras, elle restait assise,
Regardant à ses pieds l’eau du ruisseau mourir ;
Moi, pour la consoler, j’avais l’air de souffrir,
Et ses lèvres alors, pour calmer ma tendresse,
Laissaient poindre un sourire à travers leur tristesse ;
Comme on voit du soleil un rayon détaché,
Percer l’obscur nuage où l’astre s’est caché.
Du jour trop prompt à fuir elle accusait la fuite,
Et trouvait le matin qu’il revenait trop vite,
Et quelquefois encor, afin de mieux pleurer,
Dans le fond du bois sombre elle allait s’égarer.
« Rafraîchis, doux zéphyr, ma brûlante poitrine ;
« Retarde un peu la mort qui vers moi s’achemine,
« Disait-elle ; ton souffle écarte le trépas. »
Mais quand vint le zéphir la santé ne vint pas,
Et ses flancs déchirés respiraient avec peine ;
Ses lèvres se plongeaient à la source prochaine ;