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Et, passé de la guerre au calme d’une ville,
L’ennui le dévora comme un glaive inutile
Que la rouille consume au fond de son fourreau.
La paix pour un soldat est un premier tombeau.
On ne peut contester le fait d’une victoire ;
Mais chacun de penser vous dispute la gloire,
Et toujours quelque ver vient piquer vos lauriers.
Aussi se trouvait-il, loin de ses champs guerriers,
Accablé d’être seul à sentir son génie ;
Tourment insupportable, égal à l’insomnie,
Qui rongerait un cœur affamé de repos,
Tandis qu’autour de lui, comme de vils troupeaux,
La plupart des humains dormiraient sans relâche.
Si vivre c’est penser, le sommeil est leur tâche.
Pour dormir à son tour, ce jeune homme agité,
Aspirait par la mort à la tranquillité ;
Et disant qu’à la tombe une fois asservie,
Dieu ne renouait pas notre insipide vie,
Du fardeau de la sienne il était soulagé.
Ainsi, dans un navire à demi naufragé,