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Je veux, contemporain des siècles expirés,
Ravir aux mains du Temps leurs tableaux déchirés,
Et des pays lointains, rapprochant les distances,
Des couleurs de leur ciel marier les nuances.
Je veux, dans un jardin par les muses planté,
Voir l’ananas blondir près du lys argenté ;
Et sur les noirs sapins que nourrit la Norwège,
Voir grimper la vanille avec ses fleurs de neige.
Traversant à ma voix les humides états,
La Tamise aux flots verts grossira l’Eurotas,
Et du sol écossais la Clyde nourricière,
Des rivages romains mouillera la poussière.
Ma coupe, dont Corinthe aura sculpté l’airain,
Verra, mais sobrement, sous les treilles du Rhin,
Du Falerne épaissi s’éclaircir la vieillesse.
J’emprunterai parfois cette exquise mollesse,
Que donne à nos soupirs le parler florentin,
Echo faible et distant du langage latin,
Et dont les mots fondans semblent, en quittant l’âme,
Trembler comme un baiser aux lèvres d’une femme.