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Mais loin de moi l’amour et ce subtil poison
Qui fatigue le corps et flétrit la raison !
Et qu’ai-je retiré de mes ardentes veilles ?
Une âme inaccessible aux plus douces merveilles ;
Un cœur décoloré qui flétrit l’avenir,
Qui se ferme à l’espoir et même au souvenir,
Et des regards ternis dont la mourante flamme,
Doit revivre peut-être aux regards d’une femme.
Non, non, je ne veux plus dépendre tous les jours
D’un sourire adoré qui nous trompe toujours.
Chénier, tu m’as rendu le besoin de la gloire,
Le besoin de briller comme un nom de l’histoire.
L’œil fixé sur tes vers, mon esprit exalté,
Repousse du bonheur l’indigne oisiveté ;
J’ai voué ma jeunesse aux longueurs de l’étude.
De mes travaux perdus j’ai repris l’habitude,
De l’Amérique aussi je veux chanter les bords.
De tous les coins du monde amassant les trésors,
J’irai, malgré la mer, ou la nue orageuse,
Enrichir en tous lieux ma lyre voyageuse.