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La fille de Jaïre, en sortant de la mort,
Semblait par sa pâleur s’en souvenir encor.
Le vieux père joyeux, mais y croyant à peine,
Hâta vers le prodige une marche incertaine.
Elfride était toujours muette et sans couleurs,
Son père l’embrassa sans essuyer ses pleurs.
Malgré l’amour d’Irner, sa soigneuse assistance,
Elfride lentement reprit à l’existence :
On eût dit qu’un instant, habitante des cieux,
Son retour sur la terré était triste à ses yeux :
Et qu’elle avait perdu l’habitude de vivre)
Pareille à ce captif, qui, lorsqu’on le délivre,
N’a pas la force, hélas ! de quitter son tombeau,
Et de ses fers brisés sent encor le fardeau.
Ses yeux seuls étaient vifs, et ce regard de flamme
Qui ne paraissait plus messager de son âme,
Et qui n’animait pas son teint morne et plombé,
Et son front vers la terre incessamment courbé,
Donnaient à sa personne une apparence étrange ;
De deux êtres divers c’était l’obscur mélange.