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Regardez ce vaisseau, dont une mer fatale
Semait d’écueils tranchants la route boréale ;
Qui, captif de l’hiver, dont l’acerbe rigueur
De ses muscles de cuivre oxydait la vigueur,
Voyait le pôle, armé d’immobiles naufrages,
Autour de sa voilure engourdir ses cordages ;
Et qui, par le printemps, loin du pôle emporté,
Du soleil qu’il revoit sent la chaude clarté
De ses agrès roidis assouplir la rudesse !
De ses ailes de lin dégonflant la paresse,
Il se rouvre les flots qu’il avait crus d’airain.
Fier des dangers franchis, il vogue en souverain ;
Mais du froid, dont il sort, le récent esclavage
Sous un ciel sans péril poursuit son sourd ravage ;