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LA FLEUR FOSSILE.


Jamais coupe d’opale, où boivent les abeilles,
Jamais perle d’azur, étoilant nos corbeilles,
Ou vivant de notre air dans l’air vivant des blés,
N’ont agi plus longtemps sur mes songes troublés,
Que ce fantôme noir d’une plante momie,
Dans son champ souterrain six mille ans endormie.
Les jeunes sœurs d’hier, opulentes ou non,
Ont toutes des couleurs, qui nous disent leur nom,
Qui content à nos sens les secrets de leur vie ;
Mais cette fleur de pierre, aux cavernes ravie,
Que semble, en l’éclairant, renier le soleil,
Quelle énigme sans fond renferme son sommeil !