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Et leur front sourcilleux est encore aussi pur,
Que leur robe de neige, et leur bandeau d’azur.
Divine Liberté, ta bannière éclatante
Sur ces glaciers déserts est encore flottante,
Et ses plis déchirés les ombragent toujours.
Qu’importe que la voix, plus faible tous les jours,
Se perde dans les cris d’un orage rebelle !
Il passera : ta voix, resplendissante et belle,
D’un arc-en-ciel sonore éclairant l’univers,
Réveillera bientôt tous les échos des airs.
Du sang des tes martyrs l’héroïque semence
De notre terre avare échauffe l’inclémence.
Ton arbre révéré ne porte plus de fleurs :
La hache des excès, nos crimes, nos malheurs,
Ont brisé tes rameaux, dépouillé ton feuillage,
Mais ce tronc mutilé donne encor de l’ombrage,
Il lui reste sa sève, et jusques sous le nord,
On le verra poussant sa racine qui dort,
Puiser d’un nouveau suc la source intarissable,
Et couvrir les humains d’une ombre impérissable.