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Exhaussez sous mes pas la hauteur de vos cimes.
Peut-être qu’au sommet de vos vastes abîmes,
Mon esprit agrandi, plus pur, moins affaissé,
Jugera mieux du monde à ses pieds abaissé,
Et loin de ses écueils portant toutes ses voiles,
Les verra sous un souffle échappé des étoiles,
Vers quelqu’île du ciel emporter mon vaisseau !
La Grèce, qui combat sur son propre tombeau,
L’Italie imbécille, et traînant ses misères
Sur un sol insensible aux cendres de ses pères,
Le bruit sanglant des fers, qu’on attache ou qu’on rompt,
Ne me poursuivront plus d’une espèce d’affront.
Assez de monuments, bâtis par l’esclavage,
Ont passé sous mes yeux de voyage en voyage,
Il est temps d’aller voir de plus nobles tableaux,
Et d’aborder enfin ces immenses créneaux,
Qu’autour de l’Helvétie a semés la nature,
Ces remparts éternels, dont la haute ceinture
Gardait la Liberté qu’exilait l’univers.
Aura-t-elle abdiqué ce trône des hivers ?