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Je regrette surtout quand mon âme flétrie
S’égare avec orgueil dans quelque rêverie,
Et va dans des trésors inconnus à mes pas,
Cueillir de vains lauriers, que je ne porte pas,.
Que votre mort précoce ait voulu m’interdire
D’être un jour admiré des êtres que j’admire.
A quoi bon maintenant m’épuiser de travaux,
Et chercher à lutter contre vos deux tombeaux ?
Il est doux de sentir qu’une grande pensée,
Qui du foyer des sens s’échappe cadencée,
Va faire loin de nous palpiter un grand cœur ;
Mais pour qui maintenant employer sa vigueur ?
Quand on voit, tous les jours, tant d’ignobles tempêtes,
Même sans les toucher, courber toutes les têtes,
Le talent, qu’on marchande, aussitôt acheté,
S’enivrer d’esclavage, en chantant liberté ;
Quelle saveur pour nous peut avoir la louange ?
Dans ces marais du monde, où roule tant de fange,
Pourquoi monter, un char dont l’éclat passager,
Sous leur noirceur humide irait se submerger ?