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C’est à lui que je parle, à lui que je m’adresse,
A lui que je rêvais quand j’ai chanté la Grèce ;
C’est lui que j’aime, à lui que j’ai donné mes jours,
Lui qui m’inspire encor, qui m’inspira toujours.
Être obscur et caché, qui vis dans ma mémoire,
Qui m’apparais souvent comme un songe de gloire,
Reçois donc ce tribut de regrets ou d’amour.
Jetés loin l’un de l’autre, hélas ! et sans retour,
Je ne saurai jamais si ton cœur me devine ;
Mais l’esprit croit souvent ce que l’âme imagine,
Il en doute du moins..., et c’est le croire encor.
Le tourment d’espérer est mon dernier trésor,
Je ne le perdrai pas : oui, je crois que j’espère,
Puis il me semble à moi, (douce et frêle chimère) !
Qu’il est des cœurs formés pour s’entendre de loin.
De leur pensée intime il existe un témoin,
Qui leur porte, en secret, le secret qu’ils attendent ;
Sans jamais se parler, ils savent qu’ils s’entendent.
Le vent, la mer, les fleurs, les livres qu’ils ont lus,
Les émeuvent encor, quand ils ne se voient plus,