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illimité de la nature, qu’aucun esprit régulateur ne dirige et n’entretient et il tourne autour de la tombe, il s’afflige, jusqu’à ce que lui-même se détache de ce cadavre. Le monde entier repose devant lui, comme, à moitié couché dans le sable égyptien, le grand sphinx de pierre ; et l’univers est le froid masque de fer de l’informe éternité.

J. L.


TROUBLE DU GRAND-PRÊTRE CAIPHE.

klopstock.

Le grand-prêtre Caïphe était agité sans relâche sur sa couche somptueuse, par la sombre vision de Satan. S’il s’endort un moment, il se réveille aussitôt en sursaut, rempli de pensées inquiétantes ; il se roule sur son lit, comme un athée mourant sur le champ de bataille. L’approche du vainqueur, le cabrement du cheval, le cliquetis des armures, les cris, la rage des mourants, la foudre du ciel, tout accable l’athée, qui, engourdi, la tête blessée, privé de la faculté pensante, étendu parmi les morts, semble déjà être de ce nombre mais il reprend ses esprits, réexiste, pense, maudit son existence, et de ses mains livides, fait rejaillir son sang jusqu’au ciel, en blasphémant le Dieu qu’il voudrait encore pouvoir renier. Dans un étourdissement pareil de ses sens, Caïphe se lève, et fait appeler promptement les prêtres et les anciens du peuple.

Mme de Kouredock


LA SÉRÉNADE.

uhland.

– Qui m’éveille de mon sommeil, avec ces sons harmonieux ? Ô mère, voyez ! voyez qui ce peut être à cette heure : il est si tard !