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DE LA LITTÉRATURE ALLEMANDE.

moi des êtres semblables à moi, afin qu’ils boivent, mangent aussi, jusqu’à ce qu’ils meurent, remplacés eux-mêmes par d’autres êtres semblables à eux, qui à leur tour viendront aux mêmes lieux faire les mêmes choses. Voilà ma vie ! Voilà le monde ! C’est une courbe qui revient éternellement sur elle-même. C’est un fantastique spectacle où tout naît pour mourir, et meurt pour renaître. C’est une hydre aux innombrables têtes, ne se lassant jamais de se dévorer pour se reproduire, et de se reproduire pour se dévorer encore.

Croirais-je donc que c’est dans le cercle de ces éternelles et monstrueuses vicissitudes que doivent se consumer en efforts inutiles toutes les forces de l’humanité ? Ne croirais-je pas plutôt que si l’humanité les subit, c’est momentanément, dans le but d’arriver à un état qui demeurera définitif, pour parvenir enfin à un lieu de repos, où, se remettant de tant de fatigues, elle demeurera immobile, pendant l’éternité, au-dessus des flots agités de l’océan des âges ?


Barchon de Penhoen.

À CHRISTOPHE COLOMB.


SCHILLER.


Courage, hardi navigateur… de prétendus sages peuvent se rire de ton entreprise et les bras de tes rameurs tomber de fatigue : n’en poursuis pas moins ta course vers les plaines du couchant. Il apparaîtra enfin à tes yeux, le rivage que tu as deviné. Plein de confiance dans le Dieu qui te guide, sillonne cette mer silencieuse… N’eût-il pas encore été créé, ce nouveau monde que tu cherches, il va sortir des flots… Il est une secrète alliance entre la nature et le génie. L’une accorde aux hommes ce que l’autre leur promet.

C. J.