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MORCEAUX CHOISIS




ADAM ET LE SÉRAPHIN.


KRUMMACHER.


Un soir, sur le penchant d’un coteau d’Eden, Adam se reposait & l’ombre d’un arbre son visage était tourné vers le ciel, et ses yeux en contemplaient la magnificence. Un séraphin s’avança vers lui, et dit Pourquoi regardes-tu ainsi le ciel avec l’air du désir ? Que te manque-1-il, Adam ? Ile Que pourrait-il me manquer, repondit le père du genre humain, dans ces demeures de la paix ? Mais mon œil considère les étoiles qui brillent là-haut et je voudrais avoir les ailes de l’aigle pour m’élaucer jusqu’à elles et voir de près ces corps lumineux.

Ces ailes, tu les as ! répondit le séraphin ; et il toucha Adam, et Adam s’endormit. Il rêva, et dans son rêve il lui sembla prendre son essor vers le ciel.

Ensuite il s’éveilla, regarda autour de lui, et s’étonna de se retrouver encore au pied du même arbre, sur le penchant du coteau. Mais le séraphin était debout devant lui, et dit Quelle pensée t’occupe, Adam ? Adam répondit Voici que j’étais transporté jusqu’à la voûte céleste je marchais au milieu des étoiles et planais autour d’Orion, des Pléiades et des Hyades. Des mondes rayonnants, vastes et magnifiques comme le soleil, roulaient avec bruit autour de moi. La voie lactée, que tu vois la-haut, est un océan de lumière, parsemé de globes étincelants, et par delà cet océan de lumière, en est un autre, puis encore un autre. Dans ces sphères éclatantes habitent des êtres comme moi, qui adorent le Seigneur et glorifient son nom. Dis-moi, Séraphin, est-ce toi qui m’as servi de guide ?

Cet arbre, reprit le séraphin, n’a pas cessé de te couvrir de son ombre, et sur ce coteau a reposé ton corps mais écoute, Adam En toi demenre un séraphin, qui peut planer à travers tous ces mondes, et plus il élève son vol, plus il se prosterne devant Jéhovah. Adam, respecte ce