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D’un baume harmonieux mon oreille enivrée
Accueille ses accords, sans prévoir leur durée,
Je respire muet, de peur que dans les airs,
La lyre, en s’envolant, n’emporte ses concerts.
Peut-être, auprès de moi, caché sou9 le feuillage,
Le nocturne épervier, qui guette son ramage,
Va de mon ménestrel briser le timbre ailé,
Et son arbre demain se taira dépleuplé !
Pour ne pas déplorer le charme de la veille,
Faudrait-il, attentif au cri de la corneille,
N’écouter que la mort, que son vol nous prédit ?
Non, même en s’éteignant, le plaisir se survit ;
Plus lentement que lui son adieu se déflore,
Et pleurer son bonheur, c’est en jouir encore.

Au sommet du coteau, qui borne l’horizon,
Voyez-vous, effleurant l’invisible gazon,
Où s’allume pour nous le nocturne prestige,
Ce large œillet de feu, qui nous cache sa tige ?