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Est-ce à moi cependant de trouver qu’elle est belle.
J’ai vu plus d’une fois, semblable à l’hirondelle,
Dont le vol va mourir sous un ciel inconnu,
S’envoler mon espoir, qui n’est pas revenu :
Je n’ai pas, malgré tout, abjuré mes chimères ;
Je crois qu’il est des fleurs, qui ne sont point amères,
Et vous, jeune, adoptant une froide raison,
Où j’attends un parfum, vous cherchez un poison !
J’ai vu plus de pays, que vous n’avez d’années,
Et souvent la tempête a flétri mes journées,
Les orages pourtant ne m’épouvantent pas :
Et vous voulez, enfant, tremblante au premier pas,
Pensant avoir appris ce qu’il doit vous apprendre,
Renoncer au voyage, avant de l’entreprendre !

Averti du destin, moi qui me suis vanté
D’entrevoir l’avenir, au moins de mon côté,
Je ne puis, direz-vous, croire aux biens que j’avance,
Et ma crédulité dément ma prévoyance !