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Inventons, s’Use peut, quelqu’hymen impossible,
Et vers cet avenir, dont la glace inflexible
Me réfléchit mes pas, d’avance embarrassés,
Ne fût-ce qu’un moment, marchons entrelacés.
Même, sans les nommer, accordons nos souffrances,
Sans nous dire leurs noms, joignons nos espérances,
Et voyons-les de loin se suivre en s’embrassant,
Comme aux sentiers perdus du ciel éblouissant,
Ces deux globes jumeaux de forme et d’existence,
Qui ne semblent unis qu’à force de distance.

Que j’aime, Maria, que je préfère au jour,
Ces heures, dont la paix conspire avec l’amour,
Et dont le voile errant, qu’a mouillé leur dictame,
Passe de la nature aux visions de l’âme !
Le jour est trop brillant pour l’œil des malheureux,
Et son éclat trop vif contraste avec nos vœux ;
Mais quand le crépuscule en éteint l’opulence,
L’ombre étend jusqu’à nous son réseau de silence,